Le
phénomène hippie se base sur la culture du Flower Power (pouvoir de
la fleur). C’était le slogan inventé
par les hippies durant les années
soixante. La fleur était un des
symboles de leur idéologie expressant la non violence.
L'expression est née du Summer of
Love de 1967, un rassemblement
à San Francisco durant lequel
les hippies avaient pour consigne de porter des fleurs dans les
cheveux et de les distribuer autour d'eux. Ils devinrent alors les
“ Flower Child ” (enfant de la fleur) pour les médias.
Le
pouvoir de la fleur se manifestait par exemple dans des actions comme
offrir une fleur à un agent de police pendant une manifestation ou
glisser une fleur dans le canon d'un fusil. Une photo renommée du
journaliste Bernie Boston prise le 21 octobre 1967 lors d'une “marche
vers le Pentagone” montre le jeune homme George
Edgerly Harris
approchant une fleur des canons de militaires. Il y a également la
photo de Jan Rose Kasmir par Marc Riboud prise lors de cette même
manifestation.
Il
y a également la photo de Jan Rose Kasmir par Marc
Riboud prise lors de cette même manifestation. Marc Riboud est né à
Lyon le 24 juin 1923. Dès l’âge de 14 ans, il reçoit des mains
de son père un appareil qui fera rapidement de lui un photographe
passionné. A peine majeur, il couvre déjà des événements
majeurs comme l’exposition universelle à Paris, ou les premiers
congés payés de 1936. En 1944-45, il entre dans la résistance et
prendra à cette occasion des clichés dans le Vercors qui lui
donneront une immense renommée après la guerre : on peut dire
qu’il est le premier photographe engagé de guerre du XIXème, au
sens moderne du terme. Après la fin du conflit, il entre à l’Ecole
d’Ingénieur puis travaille pendant trois années en exerçant sa
passion. Grâce à ses voyages et ses rencontres (Henri-Cartier
Bresson et Robert Capa, entre autres), il devient, à 36 ans,
vice-président de Magnum pour l’Europe. De cette période jusqu’à
aujourd’hui, il n’aura de cesse de voyager et de couvrir des
événements politiques et sociaux, des conflits, des expositions.
Son œuvre se caractérise par la recherche du détail qui fera
l’événement dans la photo. On sent à travers ses productions en
noir et blanc tout son amour et sa curiosité pour les êtres et sa
stupéfaction face au monde.
La
photographie date du 21 octobre 1967. Elle a été prise lors d’une
manifestation pacifiste à Washington devant la Maison Blanche. La
jeune fille qui pose s’appelle Jane Rose Kasmir. Sur la photo
retenue, elle tend sans trembler tend une fleur à la garde munie de
baïonnettes. Marc Riboud captura alors l'un des clichés symbole du
pacifisme anti guerre du Viet Nam.
On
voit une jeune fille isolée par le choix du cadrage et celui de la
focale qui règle la netteté sur le premier plan et plonge
l’arrière-plan dans le flou. De la sorte cette jeune fille va
symboliser, par un effet de synecdoque (une partie pour le tout),
l’ensemble des manifestants. Elle est donc censée être à l’image
des autres pacifistes et les personnifier à elle seule. Sa chemise
bariolée à fleurs évoque la mode hippie, comme sa coiffure coupée
court, anticonformiste, et son geste de recueillement qui connote la
piété, le calme, la paix. En face d’elle une rangée de soldats
casqués, habillés à l’identique, qui montre leur deshumanisation
et leur automatisme, qui font seulement obéir à l’état, qui se
confondent, fusils pointés en avant. La jeune fille offre le
visage du calme et de la sérénité, en opposition eux sont sur la
défensive. Leur gestuelle est sans ambigüité : baïonnettes
en avant, prêts à charger, attitude agressive et belliqueuse en
parfaite adéquation avec leur fonction de soldat. Aussi avons-nous
ici en présence deux entités qui se font face et qui, incarnent
deux positions antagonistes : pour et contre la guerre. Le point
de vue du photographe semble a priori neutre puisque
celui-ci se trouve sur la ligne de front et non dans l’un ou
l’autre camp.
Il
est aisé de constater que cette photo est construite sur une
opposition entre les signes situés à gauche et ceux situés à
droite d’une verticale tracée au milieu de l’image. Opposition
parfaite comme en témoignent les couples d’antithèses suivants :
hommes/femme, pluriel/singulier, sombre/clair, flou/net.
Au-delà, et par extrapolation, on constate qu’à l’association
homme-arme-guerre répond l’antithèse femme-fleur-paix. Qu’à la
violence des uns répond la non-violence de l’autre. Qu’au
symbole phallique des baïonnettes répond la virginité de la fleur.
D’un côté l’homme actif, de l’autre la femme passive.
Impérialisme et résistance. Mort et vie. La jeune fille a le visage
net et clair pour le spectateur, les soldats, nombreux, identiques et
anonymes, n’en n’ont pas plus ou moins. D’ailleurs la plupart
sont flous et celui qui se trouve en face de la manifestante, et qui
aurait dû avoir son visage net et en gros plan, demeure hors cadre.
Tout
cela bien sûr participe de la symbolique. L’humain face à la
machine de guerre. L’individu face à l’armée. L’amour face à
la guerre. Et dans ces cas de figure, la sympathie de l’observateur
va toujours au plus faible, ce que Marc Riboud n’ignorait
certainement pas. C’est une célébration du flower power.
Ce visage de jeune fille, c’est le visage de la jeunesse
contestataire des années 60. Un visage qui représente mille
manifestants. Une image qui vaut mille discours. Une image-symbole en
somme, mais une image engagée aussi. Cette photo montre donc l’idée
qu’ont les hippies du pouvoir de l’amour et du pacifisme face à
la guerre.
Cette
photographie était le plus grand symbole du pouvoir de la fleur. Le
slogan “ flower power ” est inventé par Alan Ginsberg
en 1965, et vise l’idée “ make love not war ” qui
signifie “ fait l’amour, pas la guerre ” ainsi que
l’idée aussi que l’amour, ainsi que la croissance des fleurs,
était un meilleur moyen de guérir le monde que de se concentrer sur
le capitalisme et les guerres. L’idée d’utiliser des
fleurs pour exprimer les idéaux hippies devient le centre du
mouvement. La simplicité de la fleur , son lien avec la nature et la
terre était toutes les idées que défendaient les hippies. Il a
depuis été utilisé à beaucoup de reprises dans les films tels que
The Yellow Submarine
de 1968, qui a des images de fleurs grandissant et
recouvrant de nombreux paysages. De plus il apparaît aussi dans les
chansons comme par exemple San Francisco de John Philips “be sure
to wear some flowers in your hair” qui signifie “
assure-toi de porter de fleurs sur la tête ”.
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